Lire c’est toujours comprendre
L’objectif de la lecture est toujours la compréhension : On lit pour se distraire, pour faire, pour chercher des informations… On ne lit pas pour lire mais pour un objectif qui se trouve en dehors de l’activité elle-même. Mais cet objectif final passe toujours par la compréhension du texte lu.
Michel Fayol, 2000
Comprendre signifie à la fois « prendre avec soi » et « prendre ensemble ».
Comprendre est une démarche active par laquelle l’esprit s’approprie, fait sienne, une connaissance. Mais comprendre c’est aussi développer la faculté de construire des liens logiques, de mettre ensemble une constellation d’éléments disparates, dans une recherche globale et cohérente de sens.
Mais comprendre ne va pas de soi
Daniel Pennac disait:
« Le verbe lire ne supporte pas l’impératif. Aversion qu’il aime partager avec quelques autres : le verbe «aimer»… le verbe « rêver »… » Daniel Pennac, Comme un roman.
Comprendre n’aime pas davantage ce mode… Car comprendre ne se décide pas et rien ne sert en effet de demander à un enfant de comprendre si on ne lui montre pas explicitement comment on comprend, c’est-à-dire comment on construit la signification d’un texte, comment on assume pleinement et activement sa responsabilité de lecteur. « Lire, c’est comprendre, nous dit-on. En bonne logique, apprendre à lire devrait être apprendre à comprendre » (Catherine Tauveron, 2002). Dans la pratique, ce n’est pas toujours le cas.
Qu’est-ce que la compréhension en lecture?
La compréhension est une activité mentale de construction de sens. C’est un processus qui se construit progressivement par l’intégration de nouveaux éléments, comme le ferait un détective. Cette intégration se produit soit au niveau explicite (mise en relation directe des éléments) soit au niveau implicite (inférences).
Pour Cèbe et Goigoux (2009), la compréhension se définit comme « la capacité à construire à partir des données d’un texte et des connaissances antérieures, une représentation mentale cohérente de la situation évoquée par le texte ».
Pour comprendre, il faut…
Les activités de compréhension mettent en jeu tout un ensemble de processus qui permettent de construire la signification des phrases.
Autrement dit, pour comprendre, les élèves doivent enfiler leur casquette de « chercheurs de sens » (Birgaudiot: 2006) puis:
- mobiliser leurs savoirs disponibles (liés au contenu du texte, maîtrise du lexique…)
- construire des références (anaphores pronominales, synonymiques, métaphoriques….)
- construire de la cohérence (inférences, chronologie, personnages, évocation du contexte, éléments spatiaux, temporels, de causalité…)
- interpréter un texte, des images, (émission d’hypothèses sur le niveau symbolique, la portée morale, etc. d’un texte).
Ce qui entrave la compréhension…
Les difficultés rencontrées dans la compréhension concernent 5 pôles:
- les procédures de décodage
- les traitements locaux (significations des groupes de mots ou des phrases)
- les traitements globaux (représentation mentale de l’ensemble du texte)
- le traitement de l’implicite et la capacité à inférer
- le contrôle de l’activité et la mise en œuvre de stratégies.
Quelques principes fondamentaux
L’apprentissage de la compréhension, de la production d’écrit et du code doivent se faire conjointement. La compréhension n’est pas un processus automatisé qui intervient quand tous les mots d’un texte ont été identifiés.
On distingue trois niveaux de compréhension: la compréhension littérale, globale et fine. Une bonne compréhension combine ces trois dimensions.
Un enseignement explicite de la compréhension permet de mettre en évidence les stratégies de lecture. Le Service de l’enseignement du canton de Neuchâtel a ainsi élaboré un éventail et des affiches pour soutenir cet enseignement.
Pour aller plus loin
- Brigaudiot M. (2006), Apprentissages progressifs de l’écrit à l’école maternelle, Hachette.
- Cèbe S., Goigoux R., Thomazet S. (2004), »Enseigner la compréhension: principes didactiques, exemples de tâches et d’activités », in Lire écrire, un plaisir retrouvé, DESCO.
- Cèbe S., Goigoux R., Thomazet S. (s.d.), Apprendre aux élèves à questionner les textes.
- Fayol M. et al. (2000), Maîtriser la lecture. Observatoire national de la lecture. CNDP et O. Jacob.
- Fayol M. (2020), L’Acquisition de l’écrit, PUF (Que sais-je?).
- Giasson J. (1990), La compréhension en lecture, de Boeck.
- Giasson J. (2003), Lecture: de la théorie à la pratique, Gaëtan Morin.
- Ouzoulias A. (2000), L’apprenti lecteur en difficulté, Retz.
- Tauveron C. (2002), Lire la littérature à l’école. Pourquoi et comment conduire cet apprentissage spécifique ? Hatier.