Pourquoi et avec quels facteurs de réussite?
Promouvoir institutionnellement le plaisir et la liberté de lire ? L’entreprise peut sembler audacieuse, car quoi de plus intime et subjectif que le plaisir de lire, mais c’est pourtant bien ce à quoi s’emploie le canton de Neuchâtel depuis plusieurs années pour l’ensemble de la scolarité obligatoire.
La promotion de la lecture agit sur le « vouloir lire ». Elle part du principe que le plaisir permet de franchir tous les obstacles. Mais cette stimulation doit être sans cesse relancée et l’envie attisée. Et l’école a évidemment un rôle essentiel pour initier, nourrir ce goût tout au long de la scolarité des élèves. L’enjeu est de taille !
Comme l’indique l’enquête de terrain menée par le National Literacy Trust, « lire pour le plaisir s’est révélé être le moteur le plus important des futures chances d’un enfant » plus important même « pour l’éducation d’un enfant que le statut socio-économique de sa famille », concourant ainsi au « bonheur et au succès d’un individu » (1).
Quels facteurs de réussite?
- La diversité des livres proposés, la variété des thèmes abordés, le choix des styles, des genres textuels et des formats présentés sont une première clé de la réussite de tout projet de promotion de la lecture à l’intention des jeunes.
- Un autre élément fondamental tient à la dimension sociale que l’on retrouve dans bon nombre de projets proposés: pouvoir échanger et collaborer avec des pairs est un facteur souvent déterminant dans la naissance du goût et du plaisir de lire.
- Le caractère créatif, ludique ou artistique contribue également à la réussite des projets. En effet, plus le lecteur grandit, plus il est important qu’il puisse s’approprier l’activité proposée et s’y investir de manière autonome et personnelle. Les activités d’illustrations, d’écriture, de scénarisation, de mise en voix ou en scène permettent en outre aux élèves d’améliorer la perception de leurs habiletés en lecture et la confiance en leurs capacités.
- Proposer aux élèves des modèles de lecteurs inspirants contribue enfin au succès: c’est en fréquentant des adultes qui lisent des livres et aiment en parler que les élèves se construisent une identité de lecteur. Plus encore, la visite de personnalités en lien avec le monde des livres, auteurs, éditeurs, comédiens, constituera pour les élèves une rencontre humaine et souvent une source d’inspiration, dépassant les objectifs strictement scolaires.
Précisions enfin que le « savoir-lire » – l’apprentissage des mécanismes qui permettent l’identification des mots écrits, leur compréhension par traitement sémantique et syntaxique, puis les différentes stratégies permettant d’affiner cette habileté – et le « vouloir lire » – sont en réalité les deux faces d’une même pièce puisque l’apprentissage se nourrit évidemment de l’affectivité et qu’en retour le plaisir croît au fur et à mesure que la maîtrise de la littératie s’affine.
Note :
(1) 2006, Clark Christina & Rumbold Kate, Reading For Pleasure: A research overview, London : National Literacy Trust.